• _HLM dans le 16eme arrondissement !_


    HLM : la villa Montmorency entre en résistance.

    La grande bourgeoisie à la loupe : les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, anciens directeurs de recherche au CNRS, ont étudié durant deux décennies la grande bourgeoisie en France.
    Ils ont publié en 2007 "Les Ghettos du Gotha" (Seuil) et les éditions La Découverte.


    "
    Dans le très chic 16e arrondissement de Paris, aux abords de la villa Montmorency - une zone résidentielle close où se concentrent certaines des plus grandes fortunes de France, la Mairie de Paris envisage de construire près de 200 logements sociaux. Un projet qui n'est pas au goût des riverains, entrés en résistance avec le soutien des élus de leur quartier.
     

    C'est un vaste terrain vague. Une friche comme on n'en voit guère dans ces beaux quartiers de la capitale où le moindre mètre carré est convoité. En plein 16e arrondissement de Paris, à deux pas du métro Porte-d'Auteuil, surplombant immeubles bourgeois et commerces raffinés, 14 000 mètres carrés qui semblent à l'abandon. La faute de la Mairie de Paris qui a eu l'idée folle de construire, sur cette plate-forme de l'ancienne gare d'Auteuil, rachetée au Réseau ferré de France, quelque 180 logements sociaux. Cent quatre-vingts HLM que seul un boulevard séparerait de la villa Montmorency. 
    Dans la plus élitiste des villas privées parisiennes, l'opposition du quartier au projet municipal s'organise. Pour bien saisir l'enjeu, la confrontation des mondes qu'imposeraient les constructions prévues par Bertrand Delanoë, plantons le (somptueux) décor. Au cœur du 16e arrondissement, un ensemble résidentiel ultraprivé où ne pénètrent que les invités des propriétaires du lieu. Hautes grilles de fer forgé, encore surmontées de herses, caméras vidéo, gardiens sur le qui-vive, équipés d'écrans de contrôle. " La villa Montmorency n'est pas publique ", répètent une multitude de panneaux rouges, qui menacent aussi : " Les contrevenants seront poursuivis. " Devant l'entrée principale, rue Poussin, les curieux doivent se contenter d'un va-et-vient de 4 x 4 aux vitres teintées et de camionnettes de traiteurs.

    A l'intérieur de cette résidence close, parcelle privatisée du territoire parisien, nous vient l'impression de cheminer dans l'un de ces parcs au charme désuet de la capitale, comme le parc Monceau, à la seule différence qu'il se trouverait parsemé d'une centaine d'hôtels particuliers du XIXe siècle et de villas cossues à l'architecture variée. Quelques avenues sinueuses et plantées d'arbres centenaires, éclairées par des lampadaires Belle Epoque, où l'on ne croise, en plein jour, qu'un domestique en livrée occupé à lustrer le cuivre d'une porte d'entrée et une nourrice asiatique poussant un landau.
     
     

    "VERT, FERMÉ, SÉCURISÉ "

     
    Un village huppé dans la ville. Hors du temps, du bruit, de toute frénésie urbaine. " Domaine de paix et de sécurité ", selon un habitant, où sont à vendre pour 10 millions d'euros une maison de 500 mètres carrés, et pour 17 millions un hôtel particulier de 700 mètres carrés agrémenté d'un jardin. Visite possible uniquement après vérification de vos capacités financières.
    "C'est comme Beverly Hills, à Los Angeles, résume Mickael Cherki, de l'agence MC Immo. C'est vert, fermé, sécurisé, proche du marché et du métro pour les gens de service, et les voisins figurent parmi les plus grosses fortunes de France. " Un " ghetto du Gotha ", selon la formule des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, que ce lotissement chic de cinq hectares où se côtoient certains des plus riches industriels et financiers français et étrangers (suisse, luxembourgeois, tunisien, iranien...).

    La densité de familles figurant au palmarès des plus grandes fortunes professionnelles françaises y est exceptionnelle. Vincent Bolloré (Havas) et ses deux fils, Yannick et Sébastien, qui y ont chacun une maison ; Arnaud Lagardère (groupe Lagardère) ; Georges Tranchant (les casinos de Finindusco) ; Dominique Desseigne (hôtels de luxe et casinos Lucien Barrière) ; Xavier Niel (Iliad, maison-mère de Free) ; Tarak ben Amar (producteur de cinéma) ; Jean-François Roverato (Eiffage) ; Jean-Paul Baudecroux (NRJ) ; Jean-Paul Bucher (société Flo) ; Alain Afflelou, et bien d'autres. Au milieu des grands patrons, des familles de la noblesse et du Bottin mondain, quelques gloires passées ou présentes du show-business, comme Sylvie Vartan, Rika Zaraï, Mylène Farmer. Et Carla Bruni, dont l'hôtel particulier, doté de deux entrées, l'une dans la villa, l'autre sur la voie publique, est fréquenté les soirs de semaine par son mari, Nicolas Sarkozy.

    Déjà, après avoir quitté le ministère de l'intérieur pour préparer la campagne électorale, le futur président avait goûté aux avantages de ce voisinage argenté, séjournant durant deux mois chez son ami Dominique Desseigne. C'est donc à une centaine de mètres de cette concentration de fortunes et de pouvoirs qu'est prévue la construction de près de deux cents logements sociaux. Pour l'essentiel, les immeubles haussmanniens en lisière de la villa, sur le boulevard de Montmorency, font écran. Mais les nouveaux bâtiments seront visibles depuis la trouée qu'offre une entrée secondaire, d'autant qu'ils seront bâtis sur un terrain en surplomb. Surtout, la sociologie du voisinage s'en trouvera quelque peu modifiée...."

    La Villa Montmorency, paradis clos pour milliardaires

    "C'est dans l'ancien parc du château de la marquise Marie-Charlotte de Boufflers que se situe la villa Montmorency. Ruinée par la Révolution, la fille de la marquise vend le domaine en 1822 à la famille de Montmorency, qui le cède à nouveau, trente ans plus tard, à la compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris à Saint-Germain, désireuse d'y faire passer la ligne de la petite ceinture et d'y construire la gare d'Auteuil. Les espaces laissés libres sont cédés par lots à des particuliers souhaitant construire des villas " de campagne et d'agrément ".

    Dès les années 1850, un cahier des charges très précis est adopté, toujours valable aujourd'hui : taille des clôtures, usage des maisons, qui doivent être " unifamiliales ", interdiction aux usines, commerces, bals et femmes de mauvaise vie... La villa est gérée par une " association syndicale autorisée ", dont chaque propriétaire devient automatiquement membre, et qui possède le statut d'établissement public administratif, relevant donc de la tutelle du préfet. C'est l'Etat (le percepteur), qui prélève les charges de copropriété en même temps que la taxe d'habitation, aidant ainsi les plus riches dans la gestion collective de leur patrimoine. Les temps modernes ont apporté leur lot de nouvelles contraintes : ni barbecue ni tondeuse autre qu'électrique, pas plus de deux voitures...

    Les poubelles sont convoyées jusqu'à l'entrée par des véhicules électriques, afin d'éviter le bruit des bennes. Avec les salaires de trois couples de gardiens, des veilleurs de nuit et les frais d'entretien des rues et jardins, la privatisation a un coût, obligeant les propriétaires à s'acquitter de lourdes charges dont le montant précis est tenu secret.

    Il est vrai qu'après avoir été le refuge campagnard du milieu artistique et intellectuel (Jules et Edmond Goncourt, Henri Bergson, Sarah Bernhardt, André Gide, des architectes, des sculpteurs, des conservateurs de musées, y ont vécu), la villa Montmorency a vu sa sociologie profondément changer. Dans les années 1960, elle s'entoure de grilles, puis dans les années 1990, les prix des maisons flambent. La villa devient donc un paradis clos pour milliardaires qui mêle fortunes récentes et grande bourgeoisie traditionnelle."

    (Source: Monde2 - 4 Octobre 2008)

     


  • Commentaires

    1
    Deckard
    Mercredi 27 Mai 2009 à 16:31
    Un peu de bonne foi...
    "Vincent Bolloré (Havas) et ses deux fils, Yannick et Sébastien, qui y ont chacun une maison ; Arnaud Lagardère (groupe Lagardère)"... Oui, 'tombé du ciel' pour les trois derniers, assurément.
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Tetris
    Jeudi 28 Mai 2009 à 10:55
    Et Céline Dion ??? Céline Dion achète une villa à 47 millions d’euros à Paris
    "Céline Dion Céline Dion, la chanteuse aux 150 millions d’albums vendus dans le monde s’apprête à acquérir une superbe maison dans la prestigieuse Villa Montmorency pour la bagatelle de 47 millions d’euros. Alain Afflelou, lui, autre résident de la Villa où se côtoient stars du show-bizz, patrons et milliardaires, a mis sa maison en vente pour 15,5 millions d’euros."
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :