• _Rencontre avec le Belarus A.B.C_

    Belarus Anarchist Black Cross

    La Biélorussie :

    Langue officielle Biélorusse, russe
    Capitale : Minsk
    Président : Alexandre Loukachenko
    Premier ministre : Mikhaïl Myasnikovitch

    Rencontre avec un des membres du Belarus A.B.C :

    "Face à la répression féroce dont sont victimes les anarchistes en Biélorussie, une tournée de rencontres avec des membres de l'Anarchist Black Cross de Minsk est organisée en Europe pour informer sur la situation et organiser la solidarité internationale.
    L'Anarchist Black Cross de Minsk (Biélorussie) est un groupe de soutien aux personnes emprisonnées pour leurs idées et activités politiques. À ce jour, quatre personnes sont encore sous les verrous, suspectées d'avoir pris part à des actions directes de septembre 2009 à septembre 2010. Dans un contexte répressif (la Biélorussie est un état autocratique dictatoriale) où l'opinion publique n'a pas lieu d'exister, le mois de septembre dernier a vu s'intensifier une campagne d'exactions offensives et massives contre les activistes sur le territoire biélorusse. La période d'investigation se termine au mois d'avril, le but de l'enquête est de faire plonger les emprisonnés pour plusieurs années. Avoir des idées politiques en Biélorussie est toujours reconnu comme un crime..."

    Hebergeur d'image

    (Débat à la librairie Publico)

     


    En ce moment, des journées d’action internationales avec les anarchistes incarcéréEs et avec les militantEs sociaux/-ales en Biélorussie ont lieu (appelbanderoles dans les villes suisses)

    I : Alors, commençons notre interview avec les militantEs de l’Anarchist Black Cross de Biélorussie. Quand et pourquoi l’ABC Biélorussie a été fondé ?

    A : ABC Biélorussie a été fondé en été 2009, afin de mieux pouvoir gérer la répression prévisible, susceptible à concerner tout le mouvement anarchiste au bout d’un an ou six mois et on s’est dit que c’était important d’avoir de l’argent.

    I : C’est quoi, vos activités les plus importantes ?

    B : Je pense que nos activités sont essentiellement…Alors, nous essayons de soutenir des gens étant en taule et de prendre contact avec leur famille. Nous faisons des brochures et essayons d’informer les gens qui ne connaissent rien en cette matière et ainsi de suite.

    A : Nous faisons également des entraînements, quelques ateliers pour les gens n’étant pas tellement prudent dans la communication avec la police pour qu’ils aient une idée du fait qu’il peut y avoir des problèmes et qu’ils devraient mieux se former. En outre, nous écrivons des textes et faisons circuler des informations sur le fait qu’il peut y avoir de la répression à tout moment et qu’elle peut concerner chacunE, afin qu’ils/elles s’y préparent.

    I : Vous dites que vous écrivez des brochures et des textes informatifs, n’est-il pas dangereux de distribuer ça dans le public et comment vous faites découvrir aux gens vos matériaux, comment vous les distribuez ?

    A : Nous les faisons circuler surtout par des contacts personnels. Je veux dire, si tu viens à un entraînement, tu trouves sûrement ces trucs et tu peux les prendre gratuitement. Et nous donnons aux gens qu’on connaît bien qui les font circuler dans leurs cercles, auxquelles ils/elles font confiance afin qu’ils ne soient pas donnés à la police, etc. La plupart de ces brochures sont également disponibles en ligne et elles peuvent être téléchargées et lues et il me semble qu’il y a aussi quelques petites distros les distribuant localement.

    I : En Biélorussie, le fait d’être actif dans une organisation non-enregistrée peut être une raison de criminalisation, comment les anarchistes se défendent-ils/elles contre celle-ci ?

    B : Oui, il est difficile de l’éviter en Biélorussie. Mais nous essayons de l’éviter en disant aux autres qu’il peut être dangereux de raconter à tout le monde ce que l’on fait et en collectant de l’argent. Ils/elles ne comprennent cependant pas toujours qu’il peut être dangereux de dire aux autres qui a des rapports avec qui. Il est plutôt difficile de l’éviter.

    A : En Biélorussie, nous ne travaillons pas en tant qu’ABC Biélorussie, nous le faisons en tant que simples gens s’occupant d’autrui et collectant de l’argent en tant qu’individus et nous ne rendons pas public que l’ABC Biélorussie organise un événement.

    I : Peut-être est-il intéressant d’apprendre que les élections ont eu lieu fin 2010 et que Loukachenko les a gagnées une fois de plus. Il y a eu quelques protestations et notre question est, comment la société s’est développée par la suite, qu’est-ce que vous pensez que les simples gens dans la campagne pensent de la situation, de l’Etat et de l’avenir ?

    B : Je pense que probablement presque tout le monde en Biélorussie sait qu’il n’y avait pas de choix, mais ils/elles ne veulent rien faire, parce qu’ils/elles ont peur des conséquences. Je pense que c’est une des raisons pourquoi les gens ne protestent pas.

    A : Alors moi, je vois bien une radicalisation de la société, les gens en ont marre de toutes ces conneries autour de Loukachenko. Les gens parlent de protestation et certainEs disent aussi qu’il pourrait y avoir une sorte de révolution égyptienne en Biélorussie et ça n’émane pas d’anarchistes ou d’autres militantEs, mais de simples gens. Et ça se passe dans un contexte où tout devient plus cher, les appartements, la nourriture et le salaire moyen stagne et le gouvernement fait de fausses promesses en toute évidence. Après les élections, ça bougeait plus, entre-temps, ça c’est de nouveau calmé.

    I : Ok, notre prochaine question concerne un sujet qui est particulièrement d’actualité, à savoir le plan de Loukachenko de construire une première centrale nucléaire dans ce pays tellement fortement façonné par la catastrophe de Tchernobyl. Notre question, c’est s’il y a une sorte de mouvement social contre cette centrale, surtout dans le contexte des événements au Japon et l’histoire de Tchernobyl, qu’est-ce que vous en dites ?

    A : Il est difficile d’en parler puisque nous ne sommes pas rentrés au pays depuis la catastrophe au Japon, nous ne pouvons donc pas dire de manière précise, comment la situation se présente actuellement, mais toute la machinerie de propagande du pays travaille de manière intense en faisant croire aux gens que la centrale nucléaire en Biélorussie sera la plus sûre et la meilleure du monde, bla bla bla. Les gens sont tout à fait prêts à le croire et pensent que c’est peut-être effectivement comme ça et les gens dans le gouvernement aussi pensent sérieusement que c’est une bonne idée, pour être moins dépendant économiquement par exemple. En effet, il y a beaucoup de silence dans la société autour de cette question, il n’y a qu’un très petit mouvement contre la construction de la centrale nucléaire.

    B : Je pense que le sujet Tchernobyl et la politique environnementale en général ont perdu de leur influence au fil des années. Beaucoup d’années se sont écoulées, les gens font toujours le deuil pour les victimes, mais il ne font pas le rapport avec la nouvelle centrale. Je pense que les gens ne voient pas le problème, ils pensent que la nouvelle centrale sera bonne et sûre.

    I : A quoi peut ressembler la solidarité internationale avec les groupes anarchistes en Biélorussie ? D’après nos informations, la construction démarre bientôt, n’est-ce pas ?

    B : En septembre.

    I : Ok, en septembre, et comment, pensez-vous, qu’est-ce qui peut être fait pour soutenir ce conflit et un changement social général ?

    B : La situation est difficile, le problème est grand et nous ne savons pas de manière précise qu’est-ce qui est effectivement faisable. Jusqu’à la construction, il ne reste plus beaucoup de temps, nous essayons quand même de le révéler au grand jour. Il y a bien sûr la possibilité de saboter ou d’attaquer la construction, dans un tel cas, il faut pourtant s’attendre à une répression massive et beaucoup ont peur de s’activer.

    A : Tous les pays voisins, hormis la Russie qui contribuent à la financer et la construit, ont déclaré le projet dangereux et disent être contre cette centrale. Mais Loukachenko dit qu’elle sera construite. Ce n’est qu’une idée folle de plus dans sa tête. Il est important de faire pression au niveau international, pas seulement de la part des gouvernements, mais de la part de la société entière, par exemple en Allemagne ou en Pologne ou peu importe où vous vous trouvez. On peut également faire pression sur l’agence internationale du nucléaire car elle répand l’idée de l’énergie nucléaire dans tous les pays possibles et imaginables. Ils disent que c’était une bonne idée de construire de telles centrales en Biélorussie et ainsi de suite. Et il est également important de faire circuler les informations sur ce qui se passe le plus largement possible.

    B : Nous essayons peut-être aussi de montrer aux gens qu’on a déjà suffisamment de dettes en Biélorussie et qu’on en aura encore plus à cause de cette centrale. Il sera certainement intéressant de l’entendre car ce sera nous qui payerons.

    I : Une question par rapport aux crédits. Viennent-ils d’autres pays et lesquels exactement ?

    A : D’après ce que je sais, il s’agit d’environ 9 millions de dollar de la part de la fédération russe, un grand montant d’argent est donc en jeu pour le pays. Il y a une organisation internationale présentant l’énergie nucléaire comme une bonne idée, là, on peut faire pression. Ce sujet peut également être discuté à l’intérieur de l’Union européenne ou ailleurs puisqu’ils disent que c’était une idée magnifique de construire une centrale en Biélorussie et blabla.

    B : Certains gens ne veulent rien faire contre la centrale puisqu’ils espèrent décrocher un boulot.

    A : Nous avons eu des discussion avec des habitantEs locaux/-ales espérant décrocher un nouveau boulot. La plus grande partie sera pour les expertEs russes ayant une formation spécifique.

    B : Seulement environ 30% des postes sont réservés aux travailleurs/-euses de la région.

    I : Pour conclure peut-être encore quelques mots sur le travail anti-rép, à quoi peut ressembler la solidarité internationale, qu’est-ce qui peut-être fait, surtout par rapport au travail anti-rép et par rapport au soutien aux prisonniers/-ières ?

    A : Le plus important c’est de faire circuler les informations, mais il est également possible de venir en Biélorussie et de faire connaissance des gens ici, car beaucoup de gens actifs par ici se sentent isolés et il est magnifique de faire connaissance d’autres anarchistes ou de militantEs sociaux/-ales et de voir que les gens sont impliqués dans de conflits sociaux et ceci dans le monde entier et pas seulement ici. L’argent est aussi un point important puisque le pays n’est pas riche et le système judiciaire est très cher, c’est-à-dire les avocats et les peines et c’est beaucoup d’argent pour nous et c’est toujours la grande question d’où il pourrait bien venir.

    B : Je pense que beaucoup de gens savent à peu près rien sur la Biélorussie et la répression ici et c’est bien de parler à des gens d’autres pays de la répression contre les anarchistes, si bien qu’ils peuvent aussi nous aider quant à nos problèmes d’argent, s’ils veulent, et également écrire des lettres aux prisonniers/-ières ou autre chose. C’est bien de faire connaître la situation et d’en parler.

    I : Merci pour l’interview.


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