• => Le Fisc belge espionne Facebook _ Marc Endeweld

    "
    Le fisc belge regarde les photos et les récits que les citoyens placent sur les sites de socialisation comme Facebook, pour vérifier si leur train de vie est bien en concordance avec leur déclaration de revenus.
    "Il y a des informations collectées via Facebook, Net-log ou d'autres sites de socialisation, mais c'est principalement via eBay" précise un responsable. "

    (Regards - Septembre 2009)
    http://www.regards.fr/

    => A lire aussi :
    Pourquoi je ne suis pas sur Facebook - sur l' Offensive (Sept. 09)
    http://offensive.samizdat.net/

    => Statebook :
    Une parodie anglophone et assez orwellienne de Facebook qui, bien que dénonçant surtout un projet du gouvernement britannique, illustre sans fard ce que peut donner le flicage en ligne et temps réel
    http://www.statebook.org.uk/


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  • Big Brother vous regarde." Le cauchemar totalitaire décrit, en 1948, par George Orwell dans 1984 n'est pas encore une réalité. Mais on assiste à une extension du profilage des citoyens, très inquiétante au regard des libertés. Les logiciels-espions de la police se banalisent. Cyber Brother s'installe chez vous, dans notre vie privée. Le projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi II), qui sera débattu en fin d'année, va permettre à la police, dans le cadre d'une information judiciaire et "sans le consentement des intéressés", d'accéder à "des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre". Pas moins.

    Ces intrusions policières dans les ordinateurs ne pourront, certes, s'opérer que sous le contrôle d'un juge. Mais qu'en sera-t-il de ce garde-fou lorsque la réforme de la procédure pénale aura abouti à la suppression du juge d'instruction ? La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) s'en inquiète à juste titre. Face à des logiciels-espions qui ne connaissent pas de frontières, elle imagine un "coffre-fort" qui mettrait de côté les données recueillies par la police, les protégeant d'un abus de regards indiscrets. Est-ce vraiment rassurant ?

    Dans un avis rendu public vendredi 24 juillet, la CNIL s'alarme du "caractère particulièrement sensible" des dispositions de Loppsi II ; elle y voit "une importante exception" aux principes de la loi du 6 janvier 1978 relative à la protection des données personnelles. Elle recommande que les cyber-investigations policières soient strictement "proportionnées au but poursuivi".

    La CNIL fait son métier. Mais, hélas, nombre de précédents contredisent ses sages recommandations. Avec le système de traitement des infractions constatées (STIC), la police peut déjà répertorier toute personne ayant été concernée par une procédure judiciaire - qu'elle soit mise en cause, victime ou blanchie après une mise en examen ! Près de 6 millions de personnes sont touchées. Et si la fusion projetée avec le fichier électronique tenu par la gendarmerie intervient, le champ sera encore plus large. L'extension de fichiers de police d'analyse sérielle, créés pour collecter des informations sur les tueurs en série, à "la petite et moyenne délinquance de masse" est maintenant envisagée.

    Où est la limite à ces intrusions dans la vie des Français ? Nous sommes prévenus : Big Brother est là, tout près.

    (Le Monde 24/07/09)

     

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    Les logiciels-espions de la police, introduits à distance dans l'ordinateur d'une personne sans son consentement, inquiètent. Dans un avis qu'elle devait rendre public vendredi 24 juillet - appliquant ainsi pour la première fois la loi du 12 mai sur la clarification du droit -, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) réclame des garanties sur leur utilisation. En utilisant l'image d'un "coffre-fort logique", elle suggère de limiter l'usage de ces outils pour qu'ils ne soient pas à la disposition d'un trop grand nombre de fonctionnaires sans l'autorisation d'un juge.

    La reconnaissance légale de ces logiciels figure dans le projet de loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi II). Il doit être débattu à l'Assemblée nationale à la fin de l'année et définit, pour la période 2009-2013, les moyens alloués à la police. Ce texte ajoute dans le code pénal dix nouveaux articles sur la "captation des données informatiques en matière de criminalité organisée". Sous le contrôle d'un juge dans le cadre d'une information judiciaire, ces intrusions permettront aux policiers, "sans le consentement des intéressés, d'accéder à des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre". Les lieux privés ou publics, comme les cybercafés, sont concernés.

    Ces logiciels sont déjà bien connus des hackers (pirates) et de certaines officines de renseignement privées, qui n'ont pas hésité à s'en servir. En témoigne l'affaire d'espionnage de Greenpeace, qui a éclaté en avril, dans laquelle EDF est soupçonnée d'être le commanditaire.

    Pour la CNIL, ces dispositions présentent un "caractère particulièrement sensible", car elles instituent "une importante exception" aux principes de la loi du 6 janvier 1978 relative à la protection des données personnelles, et doivent donc être "proportionnées au but poursuivi". En Allemagne, relève la CNIL, la Cour constitutionnelle fédérale a limité, en 2008, les intrusions policières à des situations de "menace concrète" en matière d'enlèvement, de meurtre ou d'"atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation". En France, l'utilisation potentielle de ces nouveaux outils est plus large.

    La CNIL pointe l'impossibilité de réaliser un tri, dans la collecte des informations, "entre ce qui est utile ou non à la manifestation de la vérité". Les logiciels-espions sont ainsi faits qu'ils peuvent tout lire, que les données empruntent ou non un réseau de communication électronique. En clair, tout ce qui apparaît à l'écran peut être capté, y compris ce qui vient d'une clé USB. La Commission souligne ainsi "la portée" du projet "qui pourrait permettre l'enregistrement, pendant une durée d'au plus huit mois, de tous les caractères saisis au clavier, et de toutes les images affichées sur l'écran de tous les ordinateurs d'un point d'accès public à Internet et ce, à l'insu des utilisateurs".

    Surtout, la CNIL s'est inquiétée de la collecte de données venant de personnes ou de lieux "habituellement" protégés, tels que les cabinets d'avocat, de médecin, d'huissier, ou les locaux d'un journal, via des ordinateurs portables notamment. La rédaction du projet de loi "permettrait de collecter des données transitant sur des systèmes utilisés par des personnes protégées par le législateur en raison des secrets particuliers liés à l'exercice de leur profession, ou de les collecter dans les lieux de travail ou domiciles de ces dernières", écrit-elle. Sur ce point, la CNIL, selon son secrétaire général, Yann Padova, aurait obtenu des garanties du gouvernement. Enfin, l'utilisation des logiciels espions étant soumise à l'autorisation d'un juge d'instruction, la Commission "s'interroge sur l'impact éventuel " de la réforme de la procédure pénale qui pourrait aboutir à la disparition dudit juge...

    FICHIERS ÉTENDUS

    Consultée sur d'autres articles de la Loppsi II, la CNIL s'est émue, en particulier, de l'extension de fichiers de police d'analyse sérielle, comme le fichier Salvac, créé en 2003 après les crimes de Michel Fourniret pour collecter et recouper les informations sur les tueurs en série, "à la petite et moyenne délinquance de masse". La Commission a constaté que l'usage des analyses sérielles serait étendu à des infractions moins graves, encourant des peines d'une durée de cinq ans d'emprisonnement. Les vols en récidive entreraient ainsi dans cette catégorie. En outre, le champ de la collecte des données personnelles est étendu, dans le projet de loi, à toutes les personnes dont l'identité est citée dans une procédure judiciaire, qu'il s'agisse de l'entourage de personnes mises en cause ou de simples témoins cités dans les procès-verbaux. "Les fichiers d'analyse prendront une ampleur nouvelle, qui en change la nature, car ils ne seront plus limités aux infractions les plus graves", s'insurge la CNIL dans son avis, en se disant "extrêmement réservée sur la mise en oeuvre d'une telle extension"."Cela revient à faire du profilage, c'est un enjeu très lourd", explique son secrétaire général Yann Padova pour qui, cette méthode d'enquête, en vogue aux Etats-Unis, met à mal la notion de présomption d'innocence en présupposant que des individus cités, cumulant plusieurs caractéristiques, risquent de commettre un crime ou un délit. Mais là encore, selon M. Padova, le gouvernement serait revenu en arrière.

    Les fichiers seront en outre ouverts à un plus grand nombre de destinataires. Au même titre que les policiers et les gendarmes, la douane judiciaire accédera aux informations des fichiers d'analyse sérielle. De même, le projet de loi envisage que l'administration pénitentiaire soit destinataire du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais) lors de la mise sous écrou d'une personne. Il est prévu que les officiers de police judiciaire accèdent à ce fichier créé en 2004, sans le contrôle préalable d'un magistrat. Or la CNIL "ne souhaite pas voir remise en cause" cette autorisation "au regard du caractère extrêmement sensible et spécialisé de ce fichier".

    Comme elle l'avait fait au mois de janvier lors de la remise de son rapport de contrôle sur le plus gros fichier de police, le STIC (Système de traitement des infractions constatées), la Commission rappelle son souhait de voir modifier la loi pour permettre les mises à jour des fichiers et l'effacement des données qui persistent même lors d'absence d'infraction constatée ou de classement sans suite.

    (Source: Le Monde 24/07/09)


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  • (Pris durant le FRAP - http://frap.samizdat.net/)

    Paris Sans Surveillance : http://www.paris-sans-videosurveillance.fr/

    Michèle Alliot-Marie l'a décidé : « On passera de 20 000 à 60 000 » caméras sur la voie publique d'ici 2009, annonçait-elle il y a quelques semaines.

    "La ministre de l'Intérieur a en effet signé un décret, le 22 janvier, qui « facilite et raccourcit la procédure permettant d'accéder à de tels équipements ». Et elle ne compte pas s'arrêter là : « dans la prochaine loi sur la sécurité intérieure, 555 millions d'euros seront consacrés sur cinq ans au développement des nouvelles technologies : police technique et scientifique et vidéoprotection ».
    Peu importe si des études montrent que la vidéo est inefficace pour réduire la délinquance...

    L'essentiel est d'y croire. Car toutes ces caméras vont effectivement coûter très cher. Sur le papier, le prix d'une caméra dôme anti-délinquance pivotable à 360 degrés est de 3 000 euros. En ajoutant les frais techniques incontournables (câblage, logiciel, stockage), la facture se monte en réalité de 15 000 à 20 000 euros par pièce, soit 200 000 euros pour l'achat de dix caméras. Et cela sans compter la maintenance (+ 15 %), ni les frais éventuels de personnel. A Paris, la Préfecture de police prévoit ainsi l'installation très prochaine de 1 000 caméras pour un coût évalué entre 85 et 90 millions d'euros. Mais Bertrand Delanoë y est aujourd'hui largement favorable, et prévoit de financer la moitié du projet... Droite ou gauche, tous les édiles s'y mettent.
    En fait, cette frénésie déjà ancienne autour des caméras s'est déclarée en France après les attentats terroristes du 7 juillet 2005 dans la capitale britannique. Pour de nombreux services de sécurité, il y aurait même « un avant et un après Londres ». Suite à ces événements, plusieurs gouvernements européens ont modifié leur législation afin de faciliter l'utilisation de circuits vidéo. Le Parlement français a voté en décembre 2005 une loi « antiterroriste » qui a ainsi « pour objet de permettre un développement du recours à la vidéosurveillance afin d'accroître la protection des principaux lieux accueillant du public et des installations exposées à une menace d'acte de terrorisme ».

     Avec un objectif : l'omniprésence, le quadrillage. A Londres, où un habitant peut être filmé jusqu'à 300 fois par jour, l'artiste autrichienne Manu Luksch a réalisé un film, Faceless, composé uniquement d'images de vidéosurveillance : «  Il y avait tellement de caméras partout que j'ai trouvé superflu de rajouter la mienne. » Cette omniprésence, Orwell dans son roman 1984 l'avait anticipée : « Quelque chemin que l'on prît, on avait le télécran devant soi. »
    Yannick Danio, porte-parole d'Unsa police, s'inquiète : « Plutôt que de dépenser une fortune en matériel technologique, il serait plus judicieux de dépenser de l'argent afin de conserver des policiers sur le terrain. Aujourd'hui, on n'a pas les moyens de mettre des policiers devant des écrans. » Mais ce que n'a pas compris ce policier, c'est la véritable révolution en cours : l'idéologie du soupçon va en effet trouver dans la vidéosurveillance du XXIe siècle, dite « intelligente », l'une de ses armes les plus puissantes, car désormais ce n'est pas tant le nombre de caméras qui est problématique, que l'utilisation de logiciels capables d'analyser automatiquement le contenu des images en fonction d'informations préalablement enregistrées.

    Certains d'entre eux, grâce aux recherches entreprises dans le cadre de « l'analyse comportementale », sont configurés en vue de détecter des « postures suspectes ou déviantes », de saisir des gestes marqués par la nervosité, l'anxiété, ou encore des durées de présence à l'intérieur d'un même lieu trop longues. Comme dans le film (et roman) Minority Report, l'idée est bien celle de collecter le plus de renseignements pour anticiper une éventuelle action délictueuse. Bref, de nous transformer tous en suspects."

    (Paru dans Regards - Avril 2009)
    http://www.regards.fr/


    * A lire _ Sabotez la vidéoSurveillance, C'est Civique :
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/05/12/saboter-la-videosurveillance-cest-civique/


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  •  
    « RFID : La police Totale ».  Pièces et Main d'œuvre.

     Cette fois, le collectif grenoblois « Pièces et main d'œuvre » s'interroge sur les effets ou méfaits de la RFID.

     « Les RFID envahissent nos vies pour les contrôler. Non seulement en transformant les animaux en machines communicantes, mais en implantant dans chaque chose, chaque être, un mini -mouchard électronique. Mais pas de panique : vous n'avez rien à vous reprocher ».

    Inventées durant la Seconde Guerre mondiale, les RFID (Radio Frequency Identification) s'introduisent de plus en plus dans notre quotidien. Par exemple : dans les titres de transport comme le pass Navigo de la RATP, à Paris ou Avan'Tag à Grenoble.

     « En France, avant 2007, les ultra-hautes fréquences étaient réservées à l'armée »

     On apprend aussi qu'au 1er janvier 2008, les troupeaux d'ovin et caprin de l' union Européenne doivent être identifiés avec des puces électroniques.
    « Nous, bergers des plaines, des causses et des montagnes, réunis pour notre sauvegarde, appelons toutes et tous à refuser les entraves électroniques. Nos troupeaux ne sont pas des machines et nous n'habitons pas des usines. »
    Les multinationales s'y consacrent aussi.
    « Nestlé, Coca ou Gilette s'intéressent à nos habitudes pour nous cibler en plein cœur.... »

    On découvre aussi que le journal Le Monde a organisé en novembre 2008, une conférence nommée « Innover, organiser, produire : 2009 la révolution RFID ».
    Un coût de la participation : 335 euros par personnes.

    Et pour la CNIL(Commission nationale de l'informatique et des libertés), ne vous y fiez pas, les auteurs nous informent que l'un des commissaires, Philippe Lemoine, patron de la filiale Laser des Galeries Lafayette « dont l'objet est la fidélisation des clients via ces fameuses cartes de fidélités et leurs bases de données sur vos achats ».

    « Ces étiquettes électroniques déjà utilisées pour identifier nos animaux domestiques, ouvrir et démarrer certaines voitures récentes ou encore suivre à la trace certains produits, de leur fabrication à leur mise en vente. Demain, grâce aux nanotechnologies ces dispositifs seront amenés à se multiplier dans notre quotidien. REVERS DE MEDAILLE, ILS SERONT CAPABLES DE TRANSMETTRE DES INFORMATIONS PERSONNELLES SUR CHACUN... »  

    ça vous inquiète ???
    Moi _ OUI !


    Pièces et Main d'Oeuvre :
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/

    L'Echappée : http://www.lechappee.org/


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  • Intimités sous contrôle - REGARDS

    Merveilleuse matrice / par Marc ENDEWELD.

    D'un côté, le monde merveilleux de Google. De l'autre, une multinationale que rien ne semble arrêter. En 2007, la firme comptait ainsi 16 593 salariés, alors que, lors de sa création, en 1998, à peine trente informaticiens faisaient partie de l'équipe ! Car, à l'origine, c'est un pari d'étudiants de Stanford. Le moteur de recherche, devenu incontournable aujourd'hui, fut créé dans un garage par Larry Page et Serguey Brin, à peine 25 ans...

    De cette époque légendaire, l'esprit potache est resté. Quand on est un « googler » - comprendre un salarié de Google - on travaille à la « cool », en petites équipes, sans horaires définis. Les repas sont gratuits, des aires de jeux sont installées en plein milieu des bureaux pour faciliter les contacts et la créativité. Résultat, les salariés de Google, bardés de diplômes, passionnés d'informatique (des « geeks » en anglais) passent des heures devant leurs écrans à remplir des lignes de codes informatiques.

    Durant les premiers mois de votre arrivée, un salarié référent vous accompagne à chaque instant. Dans le monde merveilleux de Google, on appelle ça « un pote ». Oui, vous avez bien lu, un pote... D'ailleurs, « tous mes amis sont chez Google, remarque une salariée à Dublin, résultat, je n'ai pas le temps de voir des gens en dehors du boulot. » Pratique pour améliorer encore un peu plus la productivité de chacun...

    La plupart des salariés ont entre 25 et 30 ans et viennent de tous les pays du monde. C'est souvent leur premier job. Et dans cet univers aseptisé, sans aspérités, ludique même, ces informaticiens ne semblent pas se poser trop de questions quant à la place de leur entreprise dans l'espace public... Ces jeunes salariés ont d'autres soucis : l'essentiel pour eux est d'avoir la « googlitude ». Dit autrement : avoir l'esprit ouvert, être curieux et s'entendre bien avec les collègues (les salariés se jugent entre eux, notamment pour les primes). Pendant ce temps-là, les recrutements vont bon train. Et Google grossit, toujours plus, acquiert des parts de marché dans de nouveaux secteurs, se rend indispensable...

    Cette expansion sans limite s'est néanmoins réalisée à partir de quelques principes... bien naïfs. « Ne faites pas le mal », est l'une des devises inculquée aux salariés. Serguey Brin aime déclamer : « Nous voulons construire un monde meilleur. » L'entreprise s'investit dans des projets écologiques, a soutenu les mobilisations des gays et des lesbiennes lors du dernier référendum en Californie sur le mariage homosexuel. Et l'actuel P-DG, Eric Schmidt, est l'un des principaux conseillers du nouveau président Barack Obama.

    Devant tant de bonnes volontés affichées, beaucoup oublient que Google est devenu en dix ans un monstre tentaculaire, recueillant des milliards de données personnelles. En 2008, l'entreprise a capté 40 % des dépenses de communication sur Internet, et offre désormais des dizaines de services aux internautes contre de la pub : messagerie Gmail, Google News, Google Earth, Youtube, lancement du smartphone pour concurrencer l'Iphone d'Apple, et même développement d'un nouveau navigateur internet, Chrome.

    Son chiffre d'affaires représente désormais plus de dix milliards de dollars (pour un bénéfice de trois milliards). Et malheureusement, tout ça vaut bien quelques compromis... Google a ainsi accepté de travailler avec le gouvernement chinois pour maintenir la censure dans l'Empire du milieu ! Bref, n'oublions pas que les blagues potaches virent souvent au mauvais goût.

    [Dans REGARDS - Janvier 2009]
    http://www.regards.fr/

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    Dans l'œil de google / Marc ENDEWELD.

    N'importe qui peut être Big Brother aujourd'hui, « vous avez juste besoin d'une connection Internet », lance sans rire Andrew Keen. Ce spécialiste américain du réseau des réseaux a récemment sorti outre-Atlantique un ouvrage polémique sur les développements récents du Web 2.0 intitulé The cult of the amateur, how today's Internet is killing our culture. Traduction : le culte des amateurs ou comment l'Internet d'aujourd'hui tue notre culture. La charge est lourde, parfois excessive, mais toujours très informée. Car Keen est loin d'être un « anti-techno », ni un novice.

    Durant les années 1990, il eut la chance - surtout son portefeuille d'ailleurs - de faire partie des premiers entrepreneurs de la Silicon Valley qui accompagnèrent le développement d'Internet. On est donc loin des pamphlets faciles contre la toile mondiale écrits par certains « intellectuels médiatiques » obnubilés avant tout par la perspective de perdre le monopole de leur estrade télévisuelle. Et si le propos de Keen est parfois volontairement provocateur, il apporte aux lecteurs des éléments sur lesquels, d'habitude, on préfère ne pas s'attarder. De peur de savoir. Parmi ses inquiétudes multiples, figure l'impossible respect de la vie privée sur le réseau. « Google, Yahoo et AOL n'ont aucune obligation légale d'effacer leurs anciennes données, rappelle-t-il, ces sociétés enregistrent et conservent sans contrôle tous les sujets que l'on recherche sur le Web, les produits que nous achetons, et les sites sur lesquels nous surfons. »

    Devant notre écran, cliquer sur un moteur de recherche est devenu un geste banal, quotidien. Pourtant, on a tendance à oublier que chaque clic constitue une information en soi. Et au fil des années, ces informations sont recueillies par un nombre toujours plus restreint de sociétés. Pour le seul mois de juillet 2006, les internautes ont interrogé 2,7 milliards de fois le moteur de recherche de Google, et 1,8 milliard celui de Yahoo. « Ces moteurs de recherche veulent nous connaître intimement, ils veulent devenir nos plus proches confidents. Car plus ils possèdent d'informations sur nous - sur nos hobbies, nos goûts et nos désirs - et plus ils peuvent vendre ces informations à des publicitaires ou des spécialistes en marketing qui pourront davantage personnaliser leurs produits, leurs services en retour. » Quand la boucle est bouclée...

    Et pour ces moteurs de recherche, quelle est l'arme idéale pour recueillir automatiquement le maximum d'information sur les internautes ? Les fameux « cookies » ! Derrière ce nom sympathique se cachent en fait de véritables mouchards qui s'installent sans prévenir sur nos ordinateurs dès que l'on ouvre une page Web. Ces petits programmes informatiques sont partout. Ils enregistrent nos sites préférés et sont même capables de savoir sur quelles publicités nous cliquons ! Quelle est la durée de vie d'un cookie ? Pendant combien de temps est-il activé et peut-il recueillir des informations ? Rassurez-vous, un cookie appartenant à Google, par exemple, est prévu pour fonctionner jusqu'en 2036 ! Rien que ça...

    Bien sûr, à partir d'un logiciel de navigation, un internaute peut décider de refuser l'enregistrement automatique de ces cookies, mais la conséquence directe de ce choix d'indépendance et de protection est qu'il ne pourra plus utiliser toutes les fonctionnalités des sites. C'est donnant, donnant. D'ailleurs, ces restrictions se multiplient sur le Net, car, pour les firmes informatiques, l'enjeu économique est trop important. Et ce n'est pas fini : selon le New York Times, la nouvelle génération du Web permettra à des logiciels intelligents de prévoir nos futures décisions ou intentions à partir des informations recueillies sur le Web, comme nous trouver l'hôtel qui nous conviendra le mieux. Mais voulons-nous vraiment laisser une machine décider à notre place ?

    En attendant, le développement du Web 2.0 amène les internautes à laisser de plus en plus de traces personnelles sur le réseau. Il n'y a qu'à penser à l'explosion - narcissique, diront certains - des pages Myspace, des vidéos amateurs sur You Tube et autres blogs où tout un chacun peut déblatérer sur sa vie, mais également sur celle des autres, sans aucune limite ou protection. Ce qui fait dire à Keen que l'on assiste « à la démocratisation du cauchemar d'Orwell ». A travers ce village global, les rumeurs peuvent se propager à très grande vitesse, peu importe les dégâts pour les victimes. Car, désormais, tout employeur a pris l'habitude de faire sa petite enquête sur Internet sur ses salariés ou futurs salariés. Un verbe a même été inventé pour cette pratique : « googliser », « to google » en anglais. Le pire, c'est que chacun de nous en a pris l'habitude.

    [Regards - Novembre 2007]


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